vendredi 17 avril 2009

à deux voies

A deux voies


As-tu vu ce bleu matin?
J’abandonne la ville fière de ses murs à gratter le ciel faute de ne plus le voir
Je traverse la forêt et laisse les ombres en place.

Je dis:
-- chez moi, j’ai le thé rouge fraise et bleuet que tu aimes, dans un grand bol pour les mains froides
Tu réponds:
-- j’suis pas un poète
Mais je sais ce qu’est un toboggan

Je dis:
-- Viens, pour la perceuse, les chevilles, les vis, tendre mes murs de tes toiles
Tu réponds:
-- j’suis pas un poète
Mais je sais ce qu’est une échelle pour monter au balcon

Je dis:
-- j’ai de la musique à faire rêver tes oreilles quand le soir déroule ses heures sombres
Tu réponds:
-- j’suis pas un poète
Mais je sais, avant il faut jouer la sérénade et décrocher la lune sous les étoiles

Je dis:
-- je cuis les œufs au plat à l’huile d’olive… et si je coulais un fond de vodka bison, à brûler toutes les glaces de décembre?
Tu réponds:
-- j’suis pas poète
Mais je sais, sous de bons draps il fait toujours bon en hiver

Je dis:
-- Une lampe allumée ouvrira les palettes de la nuit à tes pinceaux et tes huiles
Tu réponds:
-- j’suis pas un poète
Mais je sais imaginer une prairie ondulant sous le vent

Je dis:
-- j’ai le cœur entoilé de brumes
La vigne rouille la terre des chemins
Les herbes sèches volutent de fumée
Je pose le doigt sur les nouvelles du monde

Tu réponds:
-- L’herbe de bison
Si proche du fond
Du bout des lèvres au goulot
Du bout des doigts
Herbe de bison

Je te dis:
Chut!!!
Monte l’échelle
Pas au balcon
Ni étoiles ni lunes
Pointe deux clous au mur
Accroche tes couleurs
Donne de la lumière à ce soleil d’hiver

Tu me réponds:
Je sais qu’un marteau ne sert pas qu’à se frapper sur les doigts
Mais j’suis pas un poète


Une conclusion s'impose: 'l'amour sans une certaine folie ne vaut pas une sardine!' (proverbe espagnol)