vendredi 17 avril 2009

Tramontane d'octobre


Tramontane d'octobre


Se fardant toute la nuit,
Le ciel pommelé gris souris
Cabotin sitôt matin
Se déploie coton câlin
Enrobant le Canigou
Pour caresser le Ventous.
A la bordure du toit
Musique de lit pour toi et moi
Trois gouttes en pluie chatouillent
Eau qui gazouille, jamais ne mouille.

Jouant musique crescendo
Diminuendo puis staccato
La tramontane donne la voix.
De mur en mur la rue tournoie.
Claque craquements,
Concerte sifflements,
Souffle longs chuchotements
Pour ample reprise d’élan.
Grande nettoyeuse céleste
Achève son œuvre d’un geste
Poussant, délitant sans ambages
De gris à blanc derniers nuages


Les belles de nuit balancées
En longue grâce matinée
S’oublient dans le jour si pâle
Sur une flemme automnale.
Laissant béantes couleurs corolles
De leur temps perdent la boussole.
A la pierre de ma porte
Leur prêtant sensation forte
Hautes étoiles blanc jasmin
Grisent encore de leur parfum

Square Fontaine d’amour,
Tous azimuts et sans détours
Le micocoulier gîte et mitraille
Furieuses décharges bataille.
Sans arrêter de trajectoire
A ses billes dures et noires,
Il ouvre sur la rigidité pavée
Marelle pour chats à nuit coulée.
Bancs abandonnés à la tourmente
D’un jour plus serein en attente.
Chemin en marche détachée
Au long des 'feixes' abandonnées..


La vigne sauvage,vrille guirlande jaune
Les chênes niant les couleurs d'automne
Décroche ici ou là des notes de sang
Aux traits d'un soleil pâle virant blanc
La tramontane a travaillé le châtaignier
Bogues acérées dans les plis du fossé,
Coups de talon, pour que rondes et lisses
Boules arrondissant la poche se glissent.
Brûlures à la main, au chaud des orties.
Coin de ciel d’été, tendresse en oubli,
Souvenir azur des clochettes campanules
Pensées irisée, légèreté de bulles.

Sauvagerie du chant à découvert
Frisent les feuillages de jaune à vert
La tramontane vibrante domine.
Sans résistance le corps s’embobine
En souples et amples vagues tapage
Tisse cheveux déroulant au visage.
A l'entrée du village,les jardins s’amollissent
Citrons et oranges par les sucs s’arrondissent
Les grenades brunies se fendent à sourire
De mille et un grains en rosée de plaisir.
La belle adoucissant sa chevauchée tempête
Au soir camaïeu bleu,s’endort dans sa palette.


06/10/2008