vendredi 17 avril 2009

Mes infinitifs du dimanche matin


Mes infinitifs du dimanche matin

Se lever tôt, à l'heure hirondelles
gambader l'escalier pour le frais du pavé
marquer un arrêt
écarter les bras et tourner
ravir l'air de l'entre deux fenêtres

Ouvrir la boîte à café
faire couler l'eau
en avaler un grand verre
allumer le gaz sous la cafetière
s'appuyer à la rambarde du balcon
observer les oisillons sur le fil télé du voisin
glisser sur toboggan, recommencer sans cesse
veiller à l'extinction des dernières étoiles
laisser flotter l'odeur de café noir
la mêler à celle du jasmin, rafraîchie de la nuit
guetter le sifflement de la cafetière italienne
verser dans une vieille tasse de fine porcelaine
se brûler le bout de la langue comme j'aime

Préparer la décoction du bain à venir
mélanger laurier et lavandin pour la garrigue
saupoudrer d'algues paillettes avant goût d'eau de mer
pétrir argile rouge et huile d'olives odorantes
masquer le visage couleur d'eldorados jamais vus
rire au miroir des dents d'un sioux sur sentier de la paix
couler au fond le plus tiède de l'eau du bain
surveiller de l'oeil le soleil pointer chaud au rideau
laisser flotter les cheveux longues tentacules souples
les dégouliner le long du dos-la chaleur gagne du terrain-
essayer une robe puis une autre
la jeter au parquet de ce jour de repos
dénouer les cheveux, narguer ceux qui sont blancs

Chausser chaussures blanches, orteils en éventail
remonter la rue pavée jusqu'à la "Passejada"
choisir le café de la tour Campanyo
commander un banyuls, verre perlé de rosée
fermer tout doux les yeux au sucre de son parfum
humer le filet d'une tramontane en vadrouille

Au balancement des plus hautes branches
vieillir de plaisir sous les platanes